MORT INATTENDUE DU NOURRISSON : MECANISMES ET MOYENS DE PREVENTION

1. Qu’est-ce que la Mort Inattendue du Nourrisson (MIN) ?
La Mort Inattendue du Nourrisson (MIN) désigne à l’origine le décès brutal d’un enfant de moins de 1
an, survenant alors que rien dans ses antécédents connus ne pouvait le laisser prévoir, et se manifeste
le plus souvent pendant le sommeil chez des enfants réputés en bonne santé.
Aujourd’hui, la Haute Autorité de Santé (HAS) emploie ce terme pour regrouper des situations multifactorielles de décès d’enfants entre 0 et 2 ans, avec un pic à 1 mois de vie (cf. figure 2), pouvant
demeurer inexpliqués post-mortem (nous retiendrons alors le terme de MIN inexpliquée) ou survenir
des suites de pathologies inconnues au moment du décès, des suites de pathologies d’abord considé-
rées sans risque vital ou dans des circonstances particulières d’accident de literie, de traumatisme ou
encore d’intoxication. En France, elle concerne chaque année environ 400 à 500 nourrissons, d’après
l’Observatoire national de la Mort Inattendue du Nourrisson (OMIN). Les causes de MIN se répartissent
de la manière suivante : 
 

Les décès expliqués par le bilan post-mortem ne peuvent pas faire l’objet d’une prévention. En effet, le bilan post-mortem peut révéler des anomalies cardiaques, infectieuses, métaboliques, digestives qui ne peuvent être prévenues à moins d’être dépistées en amont. L’étiologie accidentelle, la maltraitance/négligence peuvent aussi être les causes de ces décès et peuvent bénéficier d’une prévention.
Par ailleurs, les décès par syndrome de Mort Subite du Nourrisson peuvent eux aussi être prévenus et nous allons détailler cette prévention dans la suite de ce rapport. 

 

2. Syndrome de Mort Subite du Nourrisson : mécanismes 
 

Le syndrome de Mort Subite du Nourrisson (MSN) concerne donc chaque année en France environ 200 nourrissons et est qualifié de « syndrome » puisque trois facteurs associés engendreraient le décès : une prédisposition individuelle, une période de développement cérébral à risque entre 2 et 6 mois et des facteurs environnementaux. Cela se nomme le « modèle du triple risque » (cf. figure 2).
 

La prédisposition individuelle ou, en d’autres termes, la vulnérabilité de l’enfant correspond à la pré- maturité (20% des MSN surviennent chez des enfants nés prématurés), au tabagisme anténatal, au sexe masculin (60% des MSN surviennent chez des garçons) et aux reflux gastro-œsophagiens (ces reflux seraient associés au déclenchement de malaises graves). Une prédisposition génétique pourrait également entrer en jeu avec un polymorphisme sur certains gènes, mais rien n’est encore certain.
La période critique du développement cérébral entre 2 et 6 mois a aussi une influence sur la survenue de la MSN. En effet, à cette période-là, nous assistons à d’importants changements dans la structure du sommeil de l’enfant et à des modifications de sa régulation cardio-respiratoire. Par ailleurs, l’enfant fait face à une immaturité immunologique et à une diminution des anticorps que sa mère lui a transmis. Enfin, ses réflexes archaïques disparaissent mais sa motricité volontaire reste encore immature.
Tous ces éléments, face à une situation d’asphyxie, l’empêcheront de « s’auto-ressusciter », c’est-à- dire d’adopter une attitude qui lui permettra de se sauver.
Les facteurs environnementaux, considérés comme un stress exogène, comprennent le décubitus ventral pendant le sommeil, l’enfouissement facial, l’obstruction des voies aériennes supérieures, la température élevée, la privation de sommeil, les sédatifs, la chambre seul, l’allaitement artificiel, l’absence de vaccination et les infections. C’est en grande partie sur ces facteurs environnementaux que la prévention va pouvoir s’articuler. 
 

3. Syndrome de Mort Subite du Nourrisson : moyens
de prévention
Concernant la période critique du développement cérébral entre 2 et 6 mois, aucune prévention ne peut être mise en place. C’est une période par laquelle passent tous les nourrissons. Toutefois, nous allons pouvoir agir sur d’autres aspects du syndrome.
En effet, pour ce qui est de la vulnérabilité de l’enfant nous allons pouvoir agir sur un point essentiel : le tabagisme passif. Ainsi, accompagner la femme ainsi que son entourage proche à réduire voire à arrêter sa/leur consommation de tabac pendant la grossesse et même au-delà sera profitable pour l’enfant, la femme et son entourage du point de vue de leur santé mais permettra avant tout de réduire le risque de survenue de MSN. Effectivement, ce risque croît avec le nombre de cigarettes quotidiennes et de fumeurs à proximité de l’enfant. La toxicité fœtale de la nicotine et du monoxyde de carbone (CO) concerne le poumon, le système immunitaire, et particulièrement le cerveau, entraînant une altération des structures impliquées dans le contrôle respiratoire autonome, source de plus grande vulnérabilité. Le projet ou le suivi d’une grossesse sont donc des occasions privilégiées de sevrage tabagique.
Mais le grand axe de prévention s’articulera surtout autour des facteurs environnementaux. En effet, ceux-ci vont être modifiables et nous allons détailler ici pourquoi il est absolument nécessaire de les modifier. Rappelons pour commencer qu’un tiers des MIN sont dues à des mauvaises conditions de couchage ; les modifier conduira donc nécessairement à une réduction considérable des décès.
Concernant le couchage en position ventrale, il était conseillé dans les années 1970 car les recherches avaient mis en évidence à l’époque l’amélioration des échanges gazeux et la diminution des apnées obstructives ainsi que des reflux gastro-œsophagiens chez les nouveau-nés prématurés. Ceci était vrai mais ne concernait que les prématurés, qui étaient monitorés 24h/24. Par la suite, ce résultat a malheureusement été extrapolé aux nouveau-nés de la population générale et une hausse de décès fut alors observée. En effet, la position ventrale entraîne une asphyxie des voies aériennes par obstruction et par enfouissement, une hyperthermie, des réactions d’éveil diminuées, un risque d’inhalation (ici, absorption du contenu gastrique par les voies respiratoires) finalement augmenté et une diminution de la variabilité du rythme cardiaque. En résumé, un nouveau-né dormant sur le ventre dort plus profondément et s’éveille donc moins facilement face à une situation d’asphyxie. Ainsi, il est aujourd’hui recommandé de faire dormir un nouveau-né uniquement sur le dos, dans une gigoteuse fermée, dans un lit à barreaux avec un matelas ferme, de préférence dans la chambre des parents les premiers mois, sans coussin ou tout autre accessoire qui pourrait entraver sa bonne respiration (tour de lit, peluche, lange, cale-bébé, couverture, …) et dans une pièce entre 18 et 20°C.
Ces dernières années, de nombreuses campagnes de prévention ont vu le jour sous la forme de vidéos préventives ou bien de dépliants. La grossesse et le post partum sont des moments privilégiés pour effectuer cette prévention et s’assurer que les conditions de couchage sont respectées car, rappelons le, environ 30% des MIN peuvent être évitées rien qu’en respectant ces règles comportementales. Il est donc du devoir des professionnels de la périnatalité d’effectuer cette prévention auprès des parents et de l’entourage proche de l’enfant 
 

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