SYNDROME DU BÉBÉ SECOUÉ : MÉCANISMES ET MOYENS DE PREVENTION

1. Qu’est-ce que le Syndrome du Bébé Secoué (SBS) ?

Le Syndrome du Bébé Secoué (SBS) est un sous-ensemble des traumatismes crâniens infligés ou traumatismes crâniens non accidentels (TCNA), dans lequel c’est le secouement, seul ou associé à un impact, qui provoque le traumatisme crânio-cérébral. Les secousses en cause sont toujours violentes,
produites le plus souvent par une saisie manuelle du thorax du bébé sous les aisselles. Les décélérations brutales antéro-postérieures de la tête sont responsables d’un ballottement du cerveau dans la
boîte crânienne et de l’arrachement des veines ponts situées à la convexité . 

Ce secouement est à différencier des mouvements spontanés de la tête non maintenue d’un enfant, des secousses dues au jeu, des mouvements de consolation, ou des moyens de transports, qui ne peuvent pas être responsables des conséquences du SBS. Il survient la plupart du temps chez un nourrisson de moins de 1 an et dans 2/3 des cas de moins de 6 mois 
 

Chaque année, environ 200 enfants sont victimes, en France, de cette forme de maltraitance, mais ce chiffre reste sous-estimé du fait de l’absence fréquente de diagnostic. Une notion récente est la répétition des épisodes de secouement dans la majorité des cas. La méconnaissance du diagnostic est, comme nous l’avons dit, fréquente et expose au risque de récidive et donc de séquelles sévères persistantes ou de décès. Le coût humain et financier de ce syndrome est considérable
Concernant les symptômes initiaux, une atteinte neurologique grave peut être évoquée d’emblée associant malaise grave (voire coma), apnées sévères (voire arrêt cardio-respiratoire), convulsions répétées (voire état de mal convulsif), signes d’hypertension intracrânienne aiguë, hypotonie axiale et pâleur. D’autres signes non spécifiques peuvent apparaître et égarer le diagnostic d’atteinte neurologique comme les troubles de l’alimentation, les vomissements sans fièvre ni diarrhée, les troubles du
sommeil ou encore les modifications du comportement.
Des lésions d’allure traumatique peuvent également être découvertes à l’examen : lésions cutanées (ecchymoses, hématomes), lésions de la sphère ORL (notamment à l’intérieur de la bouche) et/ou fractures chez un enfant non déambulant.
 

A savoir que, dans tous les cas, les symptômes surviennent immédiatement après le secouement. Malheureusement, ces symptômes ne sont pas toujours bien décrits par la famille, ce qui conduit donc à un allongement du délai entre le secouement et la consultation.
Par la suite, un bilan hospitalier clinique et paraclinique pourra mettre en évidence des lésions intracrâniennes et/ou oculaires. D’autres lésions pourront être associées : lésions des parties molles de la nuque, fractures des membres, du rachis, de la cage thoracique, du crâne ou encore comme nous l’avons dit plus haut des lésions cutanées.
 

Les conséquences du SBS sont sévères et irréversibles. Parmi les enfants secoués, 1 sur 5 décède et, parmi ceux qui survivent, 2 sur 3 ont des séquelles permanentes à type de handicap, de paralysie. Mais le SBS peut aussi avoir des effets considérables sur le développement psychomoteur futur de l’enfant (difficultés d’apprentissage, retard à l’acquisition de la marche, troubles cognitifs, difficulté à la diction, difficultés comportementales, troubles de l’alimentation ou du sommeil, perte de la vue, surdité ou encore épilepsie) 


 

2. Syndrome du bébé secoué : moyens de prévention

Les pleurs persistants d’un bébé sont généralement à l’origine de la colère et de l’épuisement du parent ou de la personne qui garde l’enfant, pouvant alors le mener à le secouer afin qu’il cesse ses pleurs. Tous les milieux sociaux sont touchés, toutes les familles sont concernées. Certains facteurs comme le manque de sommeil, les conflits familiaux, les difficultés financières, la monoparentalité, le manque de soutien, les troubles de la santé mentale ou encore la consommation de drogues, d’alcool, de stupéfiants peuvent augmenter le risque de secouer un enfant. Bien que ce geste soit la majorité du temps non réfléchi et sans volonté de nuire à l’enfant, il n’en reste pas moins que le Syndrome du Bébé Secoué est considéré comme une forme grave et bien définie de violence faite aux enfants, de maltraitance, et nécessite d’en avertir les autorités policières.
 

La prévention va jouer un rôle majeur dans la diminution de l’incidence de ce syndrome. En effet, tous les professionnels de la périnatalité auront pour rôle, pendant et après la grossesse, de renseigner les parents sur les pleurs d’un bébé et leur caractère physiologique. En effet, une personne qui sait que les pleurs persistants correspondent à une phase normale du développement d’un bébé sera moins à risque de le secouer . Il faudra également expliquer aux parents la fréquence, l’intensité et la signification des pleurs d’un bébé afin qu’ils ne se sentent pas désarmés lorsque leur bébé pleurera. En effet, un bébé peut pleurer pour de multiples raisons et, la plupart du temps, ses pleurs ont une signification particulière que les parents ou la personne qui s’en occupe vont devoir apprendre à décoder. Il peut avoir faim, avoir soif, avoir mal, s’ennuyer, être inconfortable (couche souillée, chaleur, fraîcheur ...), être fatigué, avoir besoin de présence et de contact, avoir besoin de téter quelque chose, avoir peur. 

Autant de possibilités qui, une fois vérifiées, doivent faire dire aux parents que ce sont des pleurs qui ne nécessitent pas de réponse active, souvent appelés pleurs de décharge, grâce auxquels le bébé évacue toutes les stimulations qu’il a pu recevoir pendant la journée (visuelles, auditives, tactiles, olfactives, …). Lors de ces pleurs de décharge, le bébé a seulement besoin de sentir la présence de personnes rassurantes autour de lui, ce qui ne diminuera pas ses pleurs puisqu’ils lui sont nécessaires mais lui permettra d’évoluer dans une atmosphère sécurisante.
 

Des pleurs isolés doivent donc rassurer les parents.
Cependant, des pleurs associés à de la fièvre, des vomissements, de la diarrhée, un manque d’appétit, un manque de sommeil ou un changement de comportement doivent mener les parents à consulter un médecin. 

 

L’autre axe de la prévention s’articulera autour de la déculpabilisation. En effet, si nous sommes dépassés par les pleurs de notre bébé, ce n’est pas que nous sommes de mauvais parents, c’est au contraire tout à fait normal car un adulte et un nouveau-né n’ont pas la même forme de communication, il faudra donc du temps pour comprendre ce qu’essaye d’exprimer notre bébé. Les professionnels de santé auront alors pour rôle de rassurer les parents et de leur expliquer que la majorité des parents vivent cette situation et que l’important est d’avoir des ressources autour de soi pour appréhender ces moments plus sereinement.
 

Enfin, face à un bébé qui ne calme pas ses pleurs et un parent qui désespère et est en colère, il faut expliquer que le meilleur comportement à adopter est de déposer le bébé dans son lit, sur le dos, en toute sécurité, le laisser pleurer et aller faire un tour dans la maison ou le jardin, respirer, et surtout ne pas hésiter à demander de l’aide à son entourage (conjoint, parents, amis, sage-femme, …). Tout cela dans le but de ne pas arriver au geste de secouement aux conséquences irréversibles. L’enfant finira dans tous les cas par se calmer, seul, avec ses parents ou une autre personne. 
 

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